Un quart des jeunes Guadeloupéens ne sont ni en études, ni en emploi, ni en formation

Aux Antilles, Guadeloupe comme Martinique, le vieillissement de la population inquiète : les conséquences d’une démographie en berne sont nombreuses.

La cause ? L’achèvement de la transition démographique commune à de nombreux pays développés, mais surtout le départ des jeunes gens des îles des Caraïbes, emmenées par la promesse des études supérieures vers des postes qualifiés, et surtout pérenne quand les territoires ne remplissent pas ces promesses. Et les conséquences, bien sûr sont importantes, notamment du point de vue de l’emploi : la population active diminue, vieillit et localement, la pyramide des âges commence à inquiéter les pouvoirs publics qui entendent multiplier les stratégies d’aide au retour des jeunes, et des familles.

Perte des liens de solidarités intergénérationnelles

Car c’est la conséquence naturelle de ce déclin démographique issu de l’exode des Guadeloupéens de l’archipel : les structures des solidarités intergénérationnelles changent. En juin 2023, l’Institution nationale des études démographiques, publiait l’actualisation d’une étude appelée Migrations, familles, vieillissement, et constatait que, « en 2020, parmi les personnes âgées de 50-79 ans ayant au moins un enfant vivant, 64 % expérimentent une situation de « famille à distance » : avec au moins un de leurs enfants résidant en dehors de la Guadeloupe. Cette part a légèrement reculé depuis 2010. Il en va différemment pour celles et ceux dont tous les enfants vivent en dehors du département, dont la part a à l’inverse sensiblement progressé en dix ans (24 % contre 18 %) ».

La conséquence immédiate ? La perte des liens de solidarités intergénérationnelles, pourtant encore très fortement ancrées dans les discours et les traditions guadeloupéennes, où il est coutume de prendre soin de son parent. D’ailleurs, note également l’Ined, les personnes âgées reçoivent moins d’aide (formelle, administrative, ou autre) qu’il y a dix ans.

Une opportunité de développement ?

Alors que certains métiers, comme la pêche ou l’agriculture, pourtant encore prégnants dans l’économie locale, accusent un vieillissement important de leurs salariés, certains, comme dans les autres régions du territoire français voient dans ces changements démographiques, l’opportunité du développement de la « Silver économy » (économie des cheveux blancs), et d’emplois futurs, pour qui voudraient bien les prendre.

« Dérèglement démographique »

Et puis, il faudra aussi anticiper les changements d’habitats, d’urbanisme, plus adaptés aux seniors, qui conduisent moins alors que le territoire fait la part belle au tout automobile. « Ce sont aussi des réflexions qui nous incitent à faire preuve d’innovation et d’anticipation en matière d’aménagement du territoire, de modes d’habiter, de déplacements, tout cela dans le cadre de notre situation archipélagique singulière », indiquait en septembre dernier, Guy Losbar, président du Département et organisateur des Assises du Bien Vieillir les premières du genre, dans l’archipel, signe d’un retard de la prise en compte du problème. « Il y a 10 ans, on était déjà dans le dérèglement démographique », ironisait Claude-Valentin Marie, sociologue et démographe à l’Ined, lors de la présentation de l’étude Migration Famille et Vieillissement 

Et puis, viendra se greffer un autre problème : en Guadeloupe, où le chômage reste très fort malgré le recul de la population active et la diminution du nombre d’entreprise en moins de dix ans, les personnes âgées en devenir devraient constituer des cohortes de gens à très faibles revenus, du fait de carrières hachées, criblées de période de chômage ou de revenus minimums, de moins en moins aidées par les réformes successives en matière de chômage ou de retraites. Le tout, alors que les places en résidences seniors ou en maison de retraite – déjà rares dans le territoire de Guadeloupe, où l’offre en la matière est peu structurée – voient leurs prix fixés à très haut niveau…